Le régime McKeith, le level expert des régimes

Avec son parcours progressif et ses recommandations apparemment saines, le régime McKeith séduit. Il allie flexitarisme et fait maison : deux grosses tendances du moment. Mais est-il pertinent, à court et long terme? Une nutritionniste nous éclaire.

Privilégier les végétaux, bouger, éviter les produits transformés : le régime McKeith est, sur le papier, un condensé des conseils santé que l’on entend partout.

La méthode, conçue par la nutritionniste écossaise Gillian McKeith dans You are what you eat : the plan that will change your life en 2006 (ed. 1st Trade Paperback) vend, à priori, du rêve. Ce régime recèle pourtant quelques subtilités. Une nutritionniste-diététicienne a répondu à nos interrogations.

Mille et uns conseils 

Le régime McKeith se déroule en quatre étapes : une mise en route d’une semaine, puis un mois de “phase d’attaque”, deux jours de “détox”, et une période de stabilisation. Cette dernière varie d’une personne à l’autre et a pour but d’intégrer dans son quotidien – à vie -, une alimentation plus saine. 

Déjà, il y a un hic pour Marie Muller, nutritionniste : “La ‘détox’ est à la mode, mais ne repose sur rien de scientifique. Cela peut avoir des bienfaits sur la flore intestinale, mais rien n’indique un réel effet sur les toxines”.

Des fruits et des légumes, des protéines végétales, un peu d’exercice, du sommeil, limiter l’alcool, le soda et le café (il est conseillé de le remplacer par du thé) : les conseils sont nombreux, mais à nuancer. Pour le café, par exemple, il peut être consommé avec modération, selon Marie Muller : “Le principal désavantage du café pour le poids est la perte de sommeil. De plus, le thé et le café, c’est kif-kif.”

Veggie n’est pas forcément healthy

Une des spécificités de ce régime, est le passage au flexitarisme. Plutôt en vogue, ce dernier consiste à réduire la consommation de viande et de poisson, pour n’en consommer que de temps à autre. 

La nutritionniste émet des doutes sur le fait qu’un régime semi-végétarien puisse faire mincir. “Certes, la charcuterie et la viande rouge en excès peuvent faire grossir. Mais les viandes blanches et le poisson, non.”

Quant aux protéines végétales, oui, mais pas n’importe lesquelles. “Le danger, ce sont les produits industrialisés, très gras et sucrés” qui sont vendus en rayon, prévient Marie Muller. Elle recommande plutôt des produits utilisés depuis longtemps dans plusieurs pays asiatiques comme le tofu nature, le seitan (à base de blé) et le tempe (à base de soja fermenté). 

Marie Muller tient à alerter sur l’aspect très protéiné du plan McKeith : “Les régimes hyper-protéinés, on sait ce que ça donne.. pas grand chose de bon.”

Des fruits en dehors des repas?

Autre originalité du régime McKeith : les fruits sont à consommer en dehors des repas. La raison : il s’agirait d’éviter une fermentation dans l’estomac, une possible production d’alcool, mais aussi de réduire les acidités. 

Mais Marie Muller tient à rétablir la vérité : “Rien ne fermente dans l’estomac, car il n’y a pas de bactéries à l’intérieur, comme c’est le cas dans les intestins. Il peut exister une production d’alcool infime : de l’ordre de 0,00039 grammes.” Pas franchement de quoi faire tituber. 

En ce qui concerne l’acidité, la diététicienne est catégorique : “C’est l’estomac qui est beaucoup plus acide que les fruits. Au contraire, les aliments ingérés diminuent l’acidité de l’estomac.”

Il n’y a donc aucune raison sensée de se priver de fruits pendant les repas, et aucune raison que cela ait un effet sur la perte de poids.

Un régime qui nécessite un suivi

Malgré quelques approximations et raccourcis, ce régime, n’est, globalement, pas si farfelu. Cela dit, pour Marie Muller, il n’est pas fait pour tout le monde. “Déjà, les protéines végétales, ça ne plaît pas à tous”, commence la diététicienne. Elle poursuit : “Si la personne ne consulte pas un professionnel et achète des produits industriels plutôt que de cuisiner des protéines végétales, cela ne sert à rien”. 

Enfin, si l’on a déjà une alimentation équilibrée et un mode de vie sain, le régime McKeith n’aura pas grand effet. Pour Marie Muller, la méthode est surtout adaptée à quelqu’un ayant de mauvaises habitudes alimentaires, et surtout, accompagnée d’un professionnel de la nutrition. 

Le régime McKeith est donc, somme toute, une méthode mi-figue, mi-raisin.

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