L’Utovlan, un médicament à base de noréthistérone, un progestatif dérivé de la testostérone qui permet de retarder l’apparition des règles, est en vente libre dans de nombreux pays d’Europe, sauf en France. Pourquoi ? C’est la question que pose le site Slate dans une vaste enquête sur le sujet.
Il est introuvable en France, et pourtant, l’Utovlan, un médicament à base de noréthistérone, un progestatif qui permet de bloquer l’apparition des règles et de la retarder pendant trois jours, rendrait certainement un grand service à certaines d’entre nous. Désormais en vente libre au Royaume-Uni, pourquoi n’est-il pas disponible chez nous ? C’est la question que pose la journaliste Daphnée Leportois dans un article publié le 19 septembre 2019 sur le site Slate.fr.
Pas assez rentable
Il apparaîtrait que sa commercialisation sur le sol français ne soit pas assez rentable pour les laboratoires pharmaceutiques. Trois médicaments à base de noréthistérone ou de son acétate ont bénéficié d’une autorisation de mise sur le marché pendant quelques années, avant de finalement être retirés. Cependant, « le report des règles ne faisait pas partie des indications thérapeutiques pour lesquelles les autorisations de mise sur le marché avaient été délivrées », précise l’article. Pas assez rentables ou innovants, trop chers à produire : les médicaments à base de noréthistérone n’intéressent pas les géants de l’industrie pharmaceutique révèle ainsi l’enquête menée par Slate.
Seul moyen pour assurer une rentabilité : le proposer en vente libre, comme c’est le cas au Royaume-Uni, où la régulation des prix n’est pas la même qu’en France. Une hypothèse d’emblée exclue, les traitements hormonaux étant délivrés uniquement sur ordonnance, notamment à cause des effets secondaires graves qu’ils peuvent comporter.
Les femmes, grandes oubliées de l’industrie pharmaceutique
Pour Daphnée Leportois, les laboratoires ont également sans doute jugés inutiles de proposer une telle indication aux Françaises, du fait qu’il est déjà possible de décaler son cycle en enchaînant deux plaquettes, voire d’opter pour une pilule progestative dont la prise en continu supprime totalement les règles.
Hors, selon elle, « ce serait ne pas tenir compte du contexte actuel » que de réfléchir de cette manière. La journaliste étaye ainsi son propos en expliquant que la réticence de plus en plus prégnante des femmes envers les contraceptifs hormonaux, et plus précisément les pilules, n’empêcherait pas pour autant celles-ci de vouloir, à certains moments, « faire appel à elles ponctuellement en guise de solution pour décaler leur règles, un peu à la manière dont on utilise la pilule du lendemain pour éviter une grossesse non désirée en cas de préservatif défaillant. »
De quoi poser une nouvelle fois la question du sexisme globale de la médecine envers les femmes. On le sait, tout ce qui peut bénéficier à la gent féminine en matière de santé n’est souvent pas le souci premier des laboratoires pharmaceutiques. En témoignent les essais cliniques, plus souvent réalisés sur des hommes que sur des femmes, ou encore l’arrivée tardive du viagra féminin ou de la contraception masculine, deux offres thérapeutiques qui seraient synonymes d’émancipation pour les femmes et leur vie sexuelle.
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