"Seule à deux" : le documentaire émouvant sur la grossesse de femmes seules

Marie-Ange Casta, actrice-styliste-mannequin a réalisé son premier documentaire sur le combat quotidien de trois femmes qui entreprennent leur grossesse et leur maternité seules. La diffusion est prévue le 18 octobre à 20h 50 sur Téva.

« Ce n’est pas que je ne voulais pas de ce bébé, c’est que je ne voulais pas de la vie qui va avec ». Ingrid est l’une des mères célibataires qui témoignent dans le documentaire Seule à deux réalisé par Marie-Ange Casta, ce 18 octobre à 20h50 sur Téva. Le film retrace l’histoire de trois jeunes femmes aux parcours presque similaires. 

Mathilde, 25 ans, apparaît la première ; elle tombe enceinte de son compagnon, avec qui elle est en couple depuis un an et demi. Il la quitte pour une autre. Elle se fait licencier du restaurant qui l’emploie comme serveuse et doit retourner vivre chez sa mère en banlieue parisienne. « C’est injuste car lui est heureux et moi non » répète-t-elle en parlant de son ex qu’elle revoit parfois lors d’échographies. Mathilde alterne entre colère et tristesse : « Je me suis mise à pleurer quand j’ai vu une femme enceinte avec son compagnon dans le métro. »

Charlotte, une créatrice de bijoux de 34 ans, vivait une relation libre avec un homme. Un jour, ils ne se protègent pas alors que son partenaire sait que Charlotte ne prend aucune contraception. Elle tombe enceinte, son partenaire rompt tout contact : « Il m’a demandé d’avorter et m’a dit que je n’avais pas le droit de lui faire ça ». Elle se rend compte que « si en fait », elle peut garder l’enfant. Durant sa grossesse, elle est soutenue par ses proches.

Ingrid, 32 ans et maman d’une petite fille, était en couple depuis 14 ans : « Je croyais que je ferais ma vie avec lui » confie-elle les larmes aux yeux. Au bout de cinq mois de grossesse, Ingrid apprend qu’il la trompe avant de la quitter pour une autre. Elle est toujours en colère et ne comprend pas la réaction de cet homme qu’elle croyait connaître : « Il me disait qu’il avait envie d’une famille unie, qu’il ne se défilerait pas si je tombais enceinte mais en fait, il est comme les autres… »

Au total, la France compte 2,4 millions de familles monoparentales. Un chiffre en hausse puisqu’en 1975, une famille sur dix était monoparentale contre une sur cinq aujourd’hui. En 2018, 85% des femmes étaient concernées. Entretien.

Marie Claire : Vous êtes actrice, styliste, pourquoi réaliser un documentaire sur les femmes qui entreprennent leur grossesse seule ?

Marie-Ange Casta : Raconter des histoires me tenait à cœur. Quand on est artiste, on a en général besoin d’exprimer des choses sur n’importe quel support : dessins, photos, films… En tous cas, c’est ma vision. J’avais envie de réaliser mon film sur un sujet qui me parle. Je voulais mettre en lumière des femmes qu’on évoque trop peu, dans des situations taboues en France malheureusement.

Je me suis donc posée la question suivante : comment vit-on une grossesse avec toutes les émotions que cela comporte, sans la partager avec quelqu’un ? Je me suis dit que cela devait être très dur et j’ai eu envie d’en savoir davantage.

Le sujet de la maternité m’a toujours parlé, même avant de devenir maman. C’est un moment incroyable de la vie qui nous change complètement. J’ai toujours eu beaucoup d’admiration pour les femmes.

En 2015, vous avez présenté pour la première fois votre petite fille, Catalina, dans le magazine Milk. Dans cette interview, vous n’avez jamais mentionné le nom de son père. Ce documentaire est-il le reflet de votre expérience ?

Pas du tout. Je tiens à garder ma vie privée. Je ne voyais pas l’utilité puisque je préfère m’exprimer sur des supports comme celui-ci de raconter ma vie.

Comment avez-vous choisi vos témoins  ? 

Nous avons fait appel à des enquêtrices et lancé des appels à témoins. J’ai passé beaucoup de temps dans des centres d’accueil de jour pour rencontrer des femmes. Le casting était très compliqué et a duré plusieurs mois. On ne trouvait pas de mamans parce que c’est un sujet tabou mais aussi car elles ont honte. Parfois, elles se trouvent dans une trop grande détresse. Témoigner n’est pas leur urgence.

Avez-vous beaucoup appris sur la situation des mères célibataires ?

J’ai essayé de ne pas commencer mes recherches avec des préjugés. Ce qui ressort de ce documentaire maintenant, c’est aussi l’espoir. Même dans les moments difficiles, tout est une question de point de vue. Ces femmes ont vécu des choses dures mais elles en ressortent plus fortes. Ce documentaire donne une leçon de vie.

Qu’est-ce qui est le plus dur quand on est une mère célibataire ? Est-ce forcément la solitude ?  

Je pense que c’est lorsque nous n’avons personne avec qui partager nos joies et nos peines : nous avons besoin de les partager. Et on ne le peut pas.

Quelles réactions attendez-vous de votre documentaire ?

J’espère que des femmes pourront s’ouvrir davantage sur le sujet, qu’il y aura un peu moins de tabous. Il faudrait développer des aides psychologiques et augmenter les aides financières.

Avez-vous de nouveaux projets ?

J’aimerais beaucoup continuer à réaliser des films. Et peut être à nouveau avec sujet en lien avec les femmes.

Source: Lire L’Article Complet