Tout savoir sur le SIBO, maladie de l’intestin peu connue des médecins

Cette maladie digestive, causée par une prolifération anormale de bactéries dans l’intestin grêle, reste méconnue en France, même de la part des médecins. Pourtant 6 à 8% de la population française en souffre probablement.

Ballonnement, forte diarrhée inflammatoire ou constipation, douleurs abdominales, maux de tête, fatigue persistante… Les symptômes du SIBO (ou Small intestinal bacterial overgrowth) sont variés et peu spécifiques, d’où leur confusion fréquente avec d’autres pathologies digestives comme le syndrome du côlon irritable ou l’intolérance au lactose. Selon le Dr Allison Siebecker, cofondatrice du Sibo Center for Digestive Health de Portland (Etats-Unis), plus de 60% des patients ayant reçu un diagnostic de colopathie fonctionnel présentent en réalité un SIBO.

Des causes multiples

Le SIBO est une désorganisation du microbiote intestinal, cette gigantesque armée de colocataires invisibles qui peuplent nos intestins. Constituée de 100 000 milliards de bactéries et de levures, elle loge théoriquement surtout dans le côlon. Le petit intestin (le grêle) n’en abrite d’ordinaire qu’une poignée destinée à lutter contre les germes pathogènes et à produire quelques vitamines, comme la B9 par exemple. Mais en cas de SIBO, les bactéries pullulent dans l’intestin grêle.

Les raisons peuvent être nombreuses : une production d’acide insuffisante dans l’estomac, une mobilité intestinale réduite, une chirurgie digestive ou la présence de diverculites (poches dans l’intestin). Une étude de l’université autonome de Mexico de janvier 2019 a montré que la prise d’inhibiteurs de la pompe à protons, des médicaments contre les reflux gastriques, est également susceptible de générer un SIBO.

Une valvule iléo-caecale défectueuse est en outre souvent en cause. Ce « clapet » évite normalement la remontée des éléments présents dans le côlon. S’il ne joue plus son rôle de barrière, le microbiote du gros intestin se répand dans l’intestin grêle où il commet des dégâts. Une thyroïde paresseuse, une infection parasitaire, uns insuffisance du pancréas ou une maladie de Crohn peuvent aussi faire le lit du SIBO.

Des dysfonctionnements en chaîne

Les bactéries coliques présentes en excès dans le petit intestin perturbent la digestion des aliments. Elles absorbent certains nutriments avant que notre tube digestif ne parvienne à les assimiler. Résultat : malgré une alimentation équilibrée, une carence en protéines ou en vitamine B12 peut apparaître avec un risque accru de fatigue, de perte de mémoire et de dépression. Ces bactéries opportunistes endommagent aussi les cellules qui tapissent l’intestin grêle, ce qui peut conduire à une hyperperméabilité intestinale. Des molécules indésirables parviennent alors à se glisser dans la circulation sanguine, d’où l’apparition possible de réactions immunitaires inappropriées (allergie alimentaire ou maladie auto-immune).

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Ces bactéries indélicates produisent par ailleurs quantité de gaz, notamment de l’hydrogène ou de l’ammoniac qui distendent douloureusement nos entrailles. Les personnes atteintes de SIBO sont ainsi souvent des hyper-ballonnés chroniques. « Je me suis transformée en machine à gaz. On aurait dit une usine », témoigne la journaliste Dora Moutot dans son livre À fleur de pet (éd. Guy Trédaniel).

Quels remèdes si vous êtes atteints ?

« Avant de commencer tout traitement, il faut se faire diagnostiquer car beaucoup d’autres affections présentent des symptômes similaires », estime le Dr Allison Siebecker. Le plus simple est de passer un test respiratoire qui mesure les gaz produits par les bactéries suite à l’ingestion d’une solution de sucres synthétiques (du lactulose). Comme peu de médecins pratiquent ce test en France, mieux vaut se rapprocher d’un service d’exploration fonctionnelle digestive hospitalier (CHU de Rennes, Caen, Tours, Montpellier, Lyon et La Pitié-Salpêtrière).

Une fois le SIBO confirmé, le traitement d’attaque consiste en une prise d’antibiotiques durant au moins dix jours. Pour éviter les récidives (présentent chez la moitié des patients), le Dr Siebecker préconise de recourir à la phytothérapie. Les 4 plantes médicinales les plus efficaces : l’origan (sous forme d’huile essentielle), la berbérine (dérivé de l’épine-vinette), le neem et l’allicine (un extrait d’ail).

Ne prenez pas plus de deux plantes par cure de 4 semaines environ). Suivre un régime alimentaire spécifique est également recommandé pour maîtriser le SIBO : pas (ou très peu) de féculents pour affamer les bactéries et pas de fruits et légumes riches en Fodmaps – des sucres fermentés par les bactéries du microbiote – (topinambour, cerise, artichaut, pois chiche, oignon, poireau, champignons, chewing-gum sans sucre…). On supprime également les aliments industriels.

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Pour plus d’informations sur la diététique à adopter : rendez-vous sur le site SiboInfo.com (exclusivement en anglais).

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